Vous pouvez découvrir ci-dessous la video KTO de la remise du rapport Sauvé à la Conférence des Evêques de France.

Remise du rapport de la CIASE à l’Église de France : “honte, gratitude, détermination”, assurent la Conférence des évêques et la Conférence des Religieux et Religieuses de France

Au nom de la Conférence des évêques de France et de la Conférence des Religieux et Religieuses de France, nous avons reçu aujourd’hui [5 octobre 2021] le rapport rédigé par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) que nos Conférences avaient demandé à M. Jean-Marc SAUVÉ, vice-président honoraire du Conseil d’État, de présider, constituer et piloter.

Nous voulons avant tout remercier M. SAUVÉ et l’ensemble de la commission, ainsi que les équipes qu’elle s’est adjointes, pour leur immense et indispensable travail. Nous mesurons combien il a pu éprouver chacune et chacun. Ses résultats sont extrêmement lourds. Ils montrent une réalité effroyable que nous ne pouvions imaginer en termes de nombre de victimes, de pourcentage de prêtres et religieux auteurs de ces crimes, de défaillances qui ont rendu possible que certains parviennent à sévir durant des décennies et que si peu soient poursuivis.

Devant tant de vies brisées, souvent détruites, nous avons honte et sommes indignés.

Notre pensée et notre immense peine, comme femmes et hommes, comme évêques ou supérieures et supérieurs d’instituts religieux, vont avant tout aux personnes victimes ; celles qui ont pu parler, celles qui n’ont pu le faire encore ou ne le pourront jamais et celles qui sont mortes. Rien ne peut justifier qu’elles n’aient pas été entendues, crues, soutenues, ni que la plupart des coupables n’aient pas été signalés et jugés.

Nous mesurons plus que jamais le courage des personnes victimes qui ont osé parler et nous exprimons notre profonde reconnaissance à celles et ceux qui ont accepté de travailler à nos côtés.

Nous redisons solennellement notre détermination à mettre en œuvre les orientations et les décisions nécessaires afin qu’un tel scandale ne puisse se reproduire. Nous remercions vivement celles et ceux qui nous y aident.

Nous savons que le chemin est encore long pour espérer mériter le pardon des victimes et qu’il nous faut « faire nos preuves ».

Nos deux conférences, celles des évêques et celle des religieuses et religieux, vont chacune étudier ce rapport et l’ensemble des 45 recommandations de la CIASE. L’Assemblée plénière des évêques et l’assemblée générale de la CORREF qui se tiendront au mois de novembre permettront d’adopter les mesures qui paraîtront justes et nécessaires en fonction des décisions déjà prises par chacune de nos conférences.

Nous encourageons vivement l’ensemble de l’Église catholique en France, paroisses, mouvements, communautés religieuses, etc., à prendre connaissance du rapport de la CIASE [NDLR : ci-dessous], aussi douloureux soit-il, et à inviter leurs membres à en parler les uns avec les autres. C’est là notre devoir moral pour les personnes victimes et leurs proches et aussi pour les générations à venir : regarder cette terrible réalité pour pouvoir ensemble y faire face et travailler à une Église plus digne de l’humanité et du Christ qu’elle annonce.

Soeur Véronique Margron, op,
Présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France

Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort,
archevêque de Reims, Président de la Conférence des évêques de France

LIRE LE RAPPORT FINAL DE LA CIASE

Communiqué de Monseigneur Laurent DOGNIN

Le travail de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église) arrive à son terme. Son rapport est rendu public ce mardi 5 octobre. Nous sommes tous sous le choc !


Il y a 3 ans, les évêques de France avaient souhaité que cette étude soit faite de façon totalement indépendante afin d’avoir une vision objective sur ces faits terribles qui ont été commis dans l’Église par des religieux et des prêtres, alors même qu’ils étaient en mission pour l’éducation des jeunes.
Le rapport de la CIASE donne son analyse pour toute la France, mais il me semble important de présenter les recherches que nous avons faites dans le Finistère :


Grâce aux 18 témoignages de personnes victimes qui se sont manifestées jusqu’à présent et en effectuant des recherches avancées dans nos archives, nous avons pu apporter à la CIASE tout ce que nous avons trouvé pour compléter leur étude. Une personne de la CIASE est venue aussi à l’évêché consulter nos archives et comparer nos analyses avec les siennes. Nous avons malheureusement pu identifier, dans notre diocèse de Quimper, 22 agresseurs depuis 1950 (15 prêtres diocésains, 2 prêtres religieux, 4 religieux non prêtres [enseignants] et 1 religieuse pour des faits différents). La plupart sont décédés, car la majorité de ces faits dramatiques ont eu lieu entre 1950 et 1980. La recherche en a été rendue difficile, car il y avait en permanence plus de 1 000 prêtres dans le diocèse jusqu’en 1970. Cela a diminué ensuite.


J’ai reçu personnellement 7 victimes et leur témoignage bouleversant m’a montré à quel point la mémoire de ce passé douloureux provoque de grandes souffrances, même de nombreuses années après les faits. Nous avons le devoir, autant que possible, de continuer à accompagner ces victimes.


Pour éviter que ces faits ne se reproduisent, les évêques de France ont pris un certain nombre de mesures que l’on peut retrouver sur le site dédié (https://luttercontrelapedophilie.catholique.fr). Un dépliant, diffusé dans les paroisses et téléchargeable sur notre site diocésain, résume ces mesures qui seront à ajuster avec les recommandations de la CIASE.
Pour mettre en place la prévention de tels drames dans le Finistère, nous avions réuni le 6 décembre 2016 les acteurs de la pastorale (prêtres, laïcs en mission, catéchistes, éducateurs, etc.) autour du Procureur de la République de Brest et d’un psychiatre, puis le 8 mars 2019 avec une Responsable de la Cellule nationale de la Conférence des évêques de France de lutte contre la pédocriminalité. Désormais, l’ensemble des acteurs pastoraux suivront un module de formation et de prévention sur la question des abus sexuels. Ainsi, de façon pérenne, tous participeront à faire de l’Église une maison accueillante aux relations saines et bienveillantes.


Nous avons mis en place depuis 2016 une cellule d’écoute pour les victimes, et elle reste disponible, même pour des faits anciens dont nous n’aurions pas encore connaissance. Les personnes peuvent prendre contact par l’intermédiaire du site national :
https://luttercontrelapedophilie.catholique.fr/dioceses/diocese-de-quimper/.


Nous collaborons avec la justice de la République, mais aussi avec celle de l’Église, pour que plus jamais un enfant ne se trouve ainsi meurtri et que notre Église soit un lieu sûr pour l’éducation des enfants et des jeunes et qu’elle soit toujours à même d’annoncer et de vivre le message de l’Évangile qu’elle a la charge de transmettre. Comme l’a dit Jésus « Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu… » (Jn 3, 21).